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Faits historiques

HISTORIQUE DU VILLAGE DE PETITE-VALLÉE

Travail effectué dans le cadre d’un projet Jeunesse Canada au Travail et soumis à la municipalité de Petite-Vallée par : Maryse Boulet, Alan Côté et Jean-Paul Lachance le 8 août 1979

INTRODUCTION

Afin de retracer un passé riche en évènements et en coutumes, un projet Jeunesse Canada au travail, parrainé par la municipalité de Petite-Vallée, fut mis sur pied en janvier 1979. Un passé, rempli de vaillants personnages qui ont essouché, pioché, labouré, travaillé ardemment pour fonder un coin de pays qui est le nôtre aujourd’hui. Nous allons essayer de vous présenter notre recherche sous forme d’écrits, pleins de nostalgie, animés d’un passé au contenu parfois dramatique, souvent drôle, toujours simple et émouvant.

LES PREMIERS ARRIVANTS

En 1858, un dénommé George Brousseau, homme de tous métiers, accompagné de sa femme Marie-Thémise Boulet et de ses trois enfants, Georgiana, Auguste, Victoria, descendirent le long de la côte Gaspésienne, dans le but de venir faire la pêche et accostèrent leur barge dans un petit havre. Ils s’installèrent du côté «est» de la rivière et bâtirent un «shack» en bois rond. Ensuite, ils repartirent pour Montmagny, d’où ils venaient. Trois mois plus tard, après un voyage de trois cents milles, ils revinrent, accompagnés de leur beau-frère, François Boulet surnommé France, jeune homme de vingt-huit ans, de sa femme Marie-Marthe Campagna et de ses deux enfants, Gilbert et Alphonsine. François s’installa sur la rive opposée de la rivière et il se bâtit juste en bas de la côte du «plain» actuelle. Puis ils commencèrent à défricher le plus rapidement possible, pour pouvoir cultiver et manger. Et c’est ainsi qu’allait naître un beau petit village.


DE 1860 À 1890

Leur vie n’était pas des plus faciles. Dans cette partie montagneuse de la Gaspésie, les seules possibilités de subsistance étaient la pêche, aidée d’un peu de culture sur les terres qu’ils venaient de défricher à la sueur de leur front. Une existence dure et quasi inhumaine. La pêche était très laborieuse et peu rémunératrice. Ce n’est que vers 1910 que les bateaux deviendront motorisés. Malheureusement, les seuls moyens de communications avec les autres petites agglomérations le long de la côte de la Gaspésie ne se faisaient que par voie maritime. Peu de temps après, Régis Roy, Joseph Fournier, Jean Lachance, Marcel Coulombe et Pierre Déry vinrent s’installer avec leur femme. En 1860, ils érigèrent le premier pont fait de cèdre. Peu de choses se passèrent durant les années qui suivirent. Par contre, la vie resta assez dure et exigeante. Les hommes continuaient à cultiver, à défricher tout en pêchant pour vivre. Il y avait toujours des évènements qui réjouissaient toute la petite population, comme de petites fêtes, la venue d’un nouveau-né que les sages-femmes mettaient au monde, ou le passage d’un député en bateau. En effet, par un rassemblement sur le bord du «cap» avec des drapeaux ou par des coups de fusil tirés en l’air, ils essayaient d’attirer l’attention de ce notable, mais ceux-ci ne se souciaient guère de leurs saluts et ne leurs lançaient même pas de coups de sirène! Comme quoi l’ingratitude n’est pas un mot nouveau. Vers 1870, le Dr Pierre Fortin, député du comté de Gaspé, obtint pour cette partie de la Gaspésie, le défrichement d’un chemin dont le tracé avait été opéré quelque temps auparavant par l’arpenteur Painchaud. «Ce chemin qu’on appelait tantôt chemin maritime, tantôt chemin du Roi, longeait tout le littoral du Golfe Saint-Laurent et franchissait plusieurs côtes formées par les ramifications des Monts Chic-Chocs. Le défriché d’une largeur approximative de dix à douze pieds devint bientôt impraticable par suite de la pousse des branches, et de la présence de pierres et d’ornières profondes à certains endroits. » On confia donc aux paysans le soin d’entretenir le chemin. Pour se situer aujourd’hui, cette ancienne route qui descendait sur la grève, passait entre les maisons de M. Moïse Brousseau et M. Adelme Côté, traversait le pont construit en 1860, situé un peu avant le premier escalier du quai actuel, pour remonter de l’autre côté par la route qui existe encore aujourd’hui près de chez M. Paul-Émile Brousseau et qui reprend le boulevard actuel. Au groupe de maisons Lachance, le chemin montait droit en formant la côte Jean Lachance et sur le boulevard Pierre Déry. Plus loin sur la droite de chez M. Lauréat Lachance, on passait près d’un marécage; rendus à la montagne on tournait à gauche pour sortir du boulevard vers la barrière du lac à Cleary. 1874 voit arriver les Lebreux, partis de Cloridorme. Narcisse (fils de François Breux, premier de ce nom à avoir traversé de Normandie pour venir s’installer à Montmagny) vint s’installer à la Longue Pointe. On dit qu’à son arrivée dans ce coin de pays, Didier, qui n’avait que dix ans, avait placé Joseph (3 mois) sur la grosse roche jaune à l’anse du côté «est» de la Longue Pointe, celui-ci était emmailloté et couvert d’un lange. Narcisse se construisit une maison, qui aujourd’hui n’est qu’une partie de la maison de M. Edelbert Brousseau et y fonda sa famille. La même année, Georges Brousseau, après avoir défriché le platin du côté «est» de la rivière et après avoir fait les papiers patentes de ses terrains, fit arrêter le long de la côte un bateau à bord duquel il monta pour se rendre à Québec accompagné de ses garçons. Là, il put obtenir du crédit foncier la somme de mille dollars, pour la construction de son moulin à farine, au pied du sault de la rivière, situé dans le «jeu». Pour se rendre à la chute, comme le chemin n’existait pas, il lui fallait une journée. L’année suivante, la construction débuta. L’eau qui venait d’une dalle actionnait une turbine qui permettait de virer le bluteau en l’air (au troisième étage). Ce n’est que plus tard que des gens viendront l’habiter. En ce temps, le système seigneurial était en vigueur. Celui qui possédait le moulin était le seigneur. Pour chaque dizaine de *minots de farine moulue, il gardait le dixième pour se payer. Durant les années qui suivirent, une vie communautaire s’instaura dans le village, on travaillait ensemble et on séparait les récoltes. En 1890, on construisit le deuxième pont de Petite-Vallée. On peut encore voir les vestiges de celui-ci au bout du quai actuel. *minot : mesure (ancienne) de capacité pour les matières sèches qui valait sensiblement 0.1 litre.


DE 1890 à 1929


En 1906, un évènement déplorable arriva pour la famille Brousseau. Durant la nuit, au moulin de M. Georges, la porte qui retenait l’eau de la dalle, s’ouvrit et la turbine se mit en marche. N’ayant aucun frein, elle tourna si vite que le frottement causa un incendie qui ravagea tout le bâtiment. Le lendemain, les gens du village, sitôt levés, aperçurent de la fumée et en restèrent les bras morts. L’année suivante, on put reconstruire un autre moulin qui se distinguait du précèdent par sa nouvelle scie ronde. Les «moulanges» avaient été achetées chez M. Nariche Jalbert de Saint-Maurice. Activé par l’eau de la rivière, le moulin possédait une grande roue à godets. Son service comprenait les villages de Mont-Louis à Cap-des-Rosiers et desservait une population sur une distance de cent milles. Il sciera jusqu’en 1927-28. Le feu le ravagera en 1931. Aux alentours de 1909, un dénommé Asselin aurait pris possession des terres qui appartiennent aujourd’hui à M. Cleary. Ces renseignements nous sont rapportés par une gravure sur une bûche, qu’y aurait été trouvé dernièrement. Suite à l’arrivée des premiers moteurs, vers les années 1910, la pêche commença à se moderniser. Préalablement, les bateaux, qui étaient à voiles ou à rames ne facilitaient guère la tâche des pêcheurs. Ceux-ci, malgré leurs frêles embarcations affrontaient pourtant les plus fortes intempéries. Leurs attirails n’étaient pas artificiels et ils devaient se les procurer avant le départ. Leurs lignes n’étaient en fait qu’une simple ligne de coton munie à l’extrémité d’un hameçon sur lequel étaient placés le «squitt» ou le «hareng». Après être entrés dans l’anse, il fallait qu’ils travaillent leur poisson sur un étal construit à proximité de l’eau. Ils devaient le saler, le sécher sur les vigneaux, le placer dans les bouquots de 448 lbs qu’ils pourraient vendre éventuellement aux bateaux qui passaient le long de la côte. M. Didier Lebreux, qui était arrivé en 1874, aidera beaucoup au développement du village. Lorsqu’il aura atteint la maturité, il construira plusieurs moulins à vent. Le premier fut érigé à la Longue Pointe. Par la suite, il devait en construire 10 autres. Non seulement, il construisait des moulins, mais il exerçait un art dont on peut être fier, celui de luthier. En effet, grâce à des livres qu’il avait reçus, il fabriqua plusieurs violons. Aujourd’hui, plusieurs violonneux en possèdent encore. On peut même en voir un au musée National du Canada. En 1911, débuta la construction du quai. La Compagnie Loweell organisa un train de charroyage pour le bois que l’on prenait au moulin pour le descendre au quai afin de charger les bateaux. Le quai sera rallongé en 1919 sous la surveillance de M. Gilbert Caron, en 1928 sous la surveillance de M .Lemieux, en 1938 sous celle de M. Ross et en 1952, sous celle de M. Jourdain. En 1914, la guerre se fait sentir. Quelques hommes; M. Charles Fournier, Napoléon Brousseau, Patrick Côté, Augustin Côté et Antonin Côté vont participer à cette guerre… Beaucoup d’autres ont reçu des passes, c’est-à-dire, ont été appelés pour s’y rendre aussi; mais étant donné qu’ils avaient des femmes à faire vivre, ils ne répondirent pas à cet appel. Quand les bateaux du Gouvernement passaient, ils devaient faire attention de ne pas se faire prendre. Dans la même année, la grippe espagnole emporta quelques membres de la population Gaspésienne. Cependant au village, la seule personne à être touchée fut M. Léandre Lebreux. Pendant trois mois, il eut une fièvre intense qui faillit l’emporter. En 1915, un service de transport maritime fut installé. Le bateau du nom de «Le Canada» transportait les passagers; malheureusement son service n’était que de Gaspé à Montréal. Il passait tous les quinze jours. Cela prenait deux jours pour monter à Montréal. Les frais étaient de dix dollars; on devait faire halte à Québec pour coucher. 1918 vit arriver la première automobile à Petite-Vallée. Celle-ci appartenait à M. Louis Déry. Dans la même année on construisit le premier moulin à vent. On peut encore voir l’emplacement de ce moulin à cent pieds de la maison de M. Edelbert Brousseau. Celui-ci est illustré sur la page suivante. Auparavant, c’est-à-dire avant la construction du premier moulin à vent, on sciait le bois avec des scies de long. Oui! 1918 fut bénéfique puisque cette année-là se termine une guerre qui aura duré quatre ans.


VOYAGE À MONTRÉAL

En 1921, comme l’ouvrage était rare au village, Moïse et Omer Brousseau, Freddy et Anselme Lebreux, Mathias Lachance et Amédée Béland partirent pour aller bûcher en Ontario. Le 6 novembre, un mardi, les six hommes qui étaient supposés monter sur «Le Gaspésia», apprirent que celui-ci avait des problèmes de gouvernail. Cependant, ce ne fut point cela qui les arrêta. Un bateau, «Le Tremblay», montait à Montréal. Ils demandèrent au capitaine pour avoir six places. Celui-ci leur répondit : «Ce sera dans la cale puisque les *stériches sont pleines». Les hommes acceptèrent de descendre dans la cale. On levait une trappe et l’on descendait. Celle-ci, pleine de morues, dégageait une odeur désagréable pour les régions nasales. Un jour qu’il ventait et que la houle passait par-dessus bord, les matelots avaient enlevé la trappe de la cale et l’avait remplacée par une toile pour qu’il y entre moins d’eau. Les six hommes durent passer vingt-quatre heures sans sortir de celle-ci parce que l’eau, qui était sur la toile, la rendait trop pesante pour être levée d’en bas. Rendus à Québec, le samedi le 10 novembre, ils prirent le train pour Montréal. En arrivant, ils télégraphièrent à Jos Lachance. La femme de celui-ci vint avec Georgiana en taxi pour les chercher. Ils étaient déjà trois avec le chauffeur. Ils durent embarquer les six en arrière. Le chauffeur de taxi aurait pu dire «J’ai mon voyage». *Stériche : Cabine de matelot. Le lendemain, ils allèrent à la messe. Lorsqu’ils étaient partis de Petite-Vallée, le thermomètre indiquait seulement qu’un chiffre. Pour cela ils s’étaient vêtus de «claques de drap» qui montaient jusqu’aux genoux, et de leurs gros manteaux à col de fourrure. Mais ce matin-là, quand ils partirent pour la messe, ils oublièrent qu’à Montréal il faisait 80 degrés F et ils gardèrent leur vêtement de départ. «Les Claques collaient sur l’asphalte.» disait M. Moïse Brousseau. Peu après, Anselme resta à Montréal tandis que les cinq autres montèrent à North Bay en Ontario pour bûcher. Ils bûchaient à quinze milles du village et recevaient 3.00$ la corde; ce qui était très bon à l’époque. Ils bûchèrent trois mois avant de prendre la direction du retour. Ils arrêtèrent un peu à Montréal et le soir, ils repartirent pour Gaspé par train. Ils arrivèrent le lendemain soir à New-Carliste, pour coucher. Ils voyagèrent encore toute la journée suivante dans le train, cela dû aux wagons de bois qu’ils devaient prendre tout le long en descendant. Arrivés à Petite-Vallée, Ils étaient contents de regagner leurs familles, après avoir fait un beau voyage. En 1923, c’était l’époque des chantiers. Nous avons pu nous faire raconter par M. Bruno Côté comment cela se passait. M. Alexandre Côté, père de M. Bruno, avait acquis un contrat de coupe de 200 000 pieds de bois. On coupait le bois en billots qui étaient à la drave au printemps. «On partait vers le mois de décembre à la raquette et on marchait une journée complète soit une distance d’environ 20 milles; pour travailler deux à trois mois.» Dans la première année de coupe, on comptait sur des hommes comme Alexandre Côté (contracteur), Bruno, Georges, Patrick (ti-Blanc), Joseph Côté de Pointe-Frégate, Patrick Côté (père de Romuald), Louis Roy et bien d’autres. Ces hommes travaillaient avec acharnement d’une lueur du jour à l’autre. Par contre, en soirée, c’était les jeux et la fête. On tirait la jambette, montait la poche, tirait au renard, jouait des tours. Oui, les fameux tours du bonhomme Patrick (comme allumer une écorce de bouleau qu’il avait placée auparavant entre deux orteils d’un homme qui dormait. Une autre fois il avait effacé les chiffres sur la montre d’un homme, etc.). Aujourd’hui, nous avons des vétérinaires, mais auparavant on guérissait les animaux de différentes façons. Ainsi, un jour que les hommes étaient sur la rivière Gaspé à environ vingt milles du village, une jument attrapa la vermine. Mais, sachant que Joseph Lebreux avait le pouvoir de guérir cette maladie (les chevaux étant assez dispendieux à l’époque ), Bruno et Patrick Côté descendirent à la raquette voir M. Joseph au village. Celui-ci, après leur avoir demandé la direction de la tête de la jument, leur dit : «Retournez travailler, votre jument est guérie». Incroyable mais vrai, quand ils arrivèrent, la jument était disposée à reprendre l’ouvrage!? En 1924, M. Anselme Lebreux était monté à Montréal pour s’acheter une automobile. Il y prit un bateau qui le descendit à Gaspé. Mais pour monter jusqu’au village, il devait emprunter le chemin de l’époque. Comme il n’avait pas beaucoup de frein sur sa voiture, toutes les fois qu’il devait descendre une côte, il coupait un gros arbre qu’il attachait à l’arrière pour ralentir sa descente. «Vers 1925 on vit apparaitre au village le téléphone; environ vingt-cinq personnes s’abonnèrent alors. L’obtention d’un correspondant ne se faisait pas comme aujourd’hui par l’entremise d’un numéro, mais par l’utilisation d’un procédé : on avait à faire deux longs un court chez M. Côté, un long trois court chez M. Fournier et ainsi de suite. Tous les abonnés étaient au courant, les bavards furent vite reconnus.» La vie changeait peu, même si quelques petits évènements touchaient la population. Ainsi, on nous a rapporté qu’en 1929, les gens virent passer un ballon dirigeable, nommé le «Air 100». Les anciens peuvent encore se rappeler qu’en 1929 on pouvait se rendre à la forge de M. Wilfrid pour faire ferrer son cheval. Cette année-là, les enfants purent bénéficier de la construction d’une petite école. Celle-ci n’avait rien de très particulier, ni rien de très attirant. Des murs extérieurs gris avec quelques petits carreaux et sur le toit, une cloche. À l’intérieur, un plancher peinturé en gris, des murs en bois brut peinturé blanc et un tableau noir que l’on devait peinturer assez souvent, car il devenait presqu’impossible d’y écrire avec la craie. Comme le chauffage «un boxe stove» assurait la chaleur du petit bâtiment. Le matin, le premier arrivé faisait le feu pour l’avant-midi. Des bancs et de grandes tablettes en bois brut remplaçaient les bancs et pupitres d’aujourd’hui. Tous les écoliers, en plus de leurs effets personnels, devaient apporter leur lunch. Même s’il n’y avait pas de transport, les élèves faisaient leur possible pour être présents, et pour cela, on venait à pied, en chien ou en cheval. Comme vous pouvez le voir, c’était loin d’être parfait, mais faute de mieux, on s’en contentait. Pourtant, un lieu, par son aspect, l’odeur et le froid qu’il y régnait l’hiver, lorsque la porte ne fermait que difficilement, attirait toutes leurs répugnances (vous avez deviné j’espère) surtout que des gros catalogues faisaient office de papier de toilette. Par la suite, la construction d’une école plus moderne apportera beaucoup de commodités, mais une question reste en suspens, travaille-t-on mieux ou plus grâce à cela? Quant à dire que c’était le bon temps, comme nous l’avons quelquefois entendu dire, nous ne voulons pas nous formuler.


DE 1929 À 1939

En 1935 la seigneurie Asselin qui était devenue celle d’un dénommé Dilon, changera encore de propriétaire pour prendre le nom de seigneurie Cleary. On y faisait la coupe du bois et plusieurs personnes du village y travaillaient. Quelques autres, dans la même année, ont pu commencer à travailler au moulin de M. Euzèbe Brousseau et de ses frères. Par la suite, cela continua de très bien fonctionner, puisque vers 1956 le rendement du sciage atteignait mille billots par jour. En 1936, le curé Fortin inaugura un coin de terre qui accueillit plusieurs des habitants de notre village. Cette colonie prit le nom de St-Thomas de Cloridorme. Les colons arrivés à cet endroit venaient naturellement de Cloridorme. Mais plusieurs citoyens de Petite-Vallée s’étaient joints à eux. Au début, tous demeuraient dans des camps de bois ronds sur les lots acquis du gouvernement. Une fois le terrain défriché, ils se choisissaient un emplacement pour se construire une maison sur cette colonie. Le monde vivait très bien contrairement à ce que l’on peut imaginer. Tout ce qu’ils avaient besoin, c’était d’un peu de farine, du sel… Avec le produit de leur chasse, de leur pêche et de leur agriculture, ils réussirent à s’en tirer à bon compte. Vers 1940 les colons avaient construit bénévolement une chapelle dans laquelle le curé disait la messe une à deux fois par mois. Vers les mêmes années, ils construisirent quelques moulins dont un appartenait à M. Gabriel Lachance. Avec ces moulins, on sciait le bois de toutes les maisons. Un accident arriva au moulin d’un M. Francoeur. Pierre-Paul fils de M. John Coulombe, cousin de Paul-Émile Coulombe de Petite-Vallée. Il était tombé sur une scie en marche et s’était fait complètement couper le torse en biseau. Ceci marqua beaucoup les habitants de cette région. Mais ils continuèrent à vivre heureux dans leur logis, jusqu’au jour où le gouvernement décida de ne plus allouer de subvention pour l’éducation. Le curé Provencher qui ne désirait plus monter dire la messe décida de fermer la colonie. C’était en 1960, les colons descendirent au village les maisons qu’ils purent, et ce fût la fin d’une région qui aurait pu être aujourd’hui un des plus beaux petits villages de cette terre (les faits en décidèrent autrement). La compagnie C.H. Nadeau arriva à Petite-Vallée le 7 novembre 1936. La construction du moulin débuta à cette date. Le premier jour de sciage fût le 2 décembre 1936. Cette compagnie dura encore dix ans, on y travaillait jour et nuit. Le moulin était alimenté par le bois des colons de la colonie de Cloridorme, bois qu’ils achetaient par un contracteur. On travaillait le bouleau, le merisier et le sapin. Quand le travail au moulin commença, les hommes pensionnaient à la compagnie, mais seuls les gens de celle-ci y couchaient. Le bois était ensuite transporté à Port-Daniel par camion ou par bateau. Dans les années 1937-38, on construisit le chemin de la colonie de Cloridorme. En 1939, au début de la guerre, celui-ci était prêt. Puisque nous y sommes, nous parlerons un peu de ces « coupons de rations », sujets de ces années de privation. Durant la guerre 1939-45, l’argent était très rare; on payait les employés avec des coupons de rations, c’est-à-dire, des bons qu’on pouvait échanger contre de la nourriture. Pour six personnes, on avait droit à dix livres de sucre par mois. Chaque coupon valait cinq livres mais pour le thé, une livre coûtait un coupon. Pendant la guerre, tandis que Alfred Boulet, Auguste Fournier, Firmin Côté étaient partis au front, une armée de réserve avait été organisée dans chaque village. Pour Petite-Vallée, celle-ci portait le nom de « Fusillers du Saint-Laurent». C’était le Major Delbois qui en était le responsable. Environ vingt-huit à trente jeunes et moins jeunes en faisaient partie. L’entraînement se faisait au deuxième étage de la maison de M. George Brousseau. Ils étaient costumés comme les soldats qui participaient à la guerre dans l’armée active. Ces pratiques se terminèrent avec la fin de la guerre en 1945. Pour leur participation, ils reçurent un certificat de défense civile. À l’occasion du centenaire de Grande-Vallée en 1942, plus de 300 soldats de l’armée de réserve de Marsoui à Cap-des-Rosiers s’étaient rassemblés pour souligner cette fête avec les fanfares du vingt-deuxième régiment, dirigées par le lieutenant Edwin Bélanger. Il est sûr et certain qu’ils ne faisaient par partie de ce mouvement pour le salaire, car ils ne recevaient que sept à huit cents par pratique et, au bout du mois, quatre pratiques étaient enregistrées. Dans l’intervalle, certaines gens eurent l’idée de réaliser un syndicat pour effectuer l’achat et la vente de poissons, lequel ne fonctionna malheureusement pas de façon adéquate et échoua lamentablement. La pêche fût pratiquement délaissée pour un certain temps. Ceux qui possédaient de la terre capturaient la morue pour étendre dans les champs et même dans les pacages pour servir d’engrais. Obsédés par la condition cruciale des pêcheurs, un certain nombre d’individus organisèrent un deuxième syndicat dont le bureau administratif siégeait à Grande-Vallée. Les pêcheurs tranchaient leur morue, déposaient leur prise dans l’entrepôt frigorifique, construit spécialement pour conserver le poisson, puis ils transportaient le tout à Grande-Vallée où on les faisait sécher. La première année, le prix augmenta à quatre-vingt-quatre sous pour le même poids et enfin un sous et demi la livre. Le gain du pêcheur n’était pas suffisant pour lui procurer de l’avancement. En 1939 fut fondé le syndicat coopératif des pêcheurs sous le vocable de Pêcheurs Unis du Québec, qui oeuvra un an ou deux. Plus tard, grâce à une certaine organisation, on fit l’achat de terrain, la construction de bâtisses le long de la côte, et aussi un séchoir au cas d’une mauvaise température prolongée. À partir des années 1939-40 environ, nous avons cru préférable d’extraire pour vous une partie des notes de M. Didier Lebreux qui a eu l’heureuse idée d’écrire un petit carnet de souvenirs, qui nous est bien utile aujourd’hui. Vous verrez à la page suivante quelques dates qui ont marqué l’histoire du village et qui ont été tirées du livre de M. Didier Lebreux.


DATES IMPORTANTES

7 MAI 1923 : La famille Parent quitte la place.
17 JANVIER 1930 : La maison de M. Napoléon Brousseau brûle.
26 FÉVRIER 1934 : M. E. Béland décède.
21 DÉCEMBRE 1936 : Le moulin des Nadeau commence.
5 JANVIER 1939 : M. Houde part pour la colonie.
14 SEPTEMBRE 1940 : Le bateau HILL échoue à Petite-Vallée.
29 NOVEMBRE 1941 : Mme Georges Brousseau décède.
7 NOVEMBRE 1941 : Le Japon déclare la guerre à l’Amérique.
27 JANVIER 1942 : M. «Bébé» Boulet décède.
8 FÉVRIER 1942 : M. Adélard Coulombe décède.
19 MAI 1942 : Un bateau coule dans nos parages.
6 JUILLET 1942 : Deuxième torpillage.
20 JUILLET 1942 : Troisième torpillage.
8 MARS 1945 : Fondation du syndicat coopératif.
14 AOÛT 1945 : Fin de la guerre.
4 DÉCEMBRE 1945 : Le Nord Gaspé laisse le quai pour son dernier voyage de l’année Miron.
26 DÉCEMBRE 1946 : Deux naufragés mis à terre.
28 MARS 1947 : M. Mathias Lachance décède.
26 MAI 1947 : Noyade à Petite-Vallée M. Charles Côté.
24 JUILLET 1947 : M. Jean Lachance décède, Curé Bujold et nouveau chemin.
4 NOVEMBRE 1947 : La maison de M. Charles Côté brûle.
20 NOVEMBRE 1947 : Mariage de le princesse Élisabeth.
21 JANVIER 1948 : Le drapeau du Québec hissé sur le parlement.
2 JUIN 1948 : Mme Antoinette Brousseau décède.
15 JUILLET 1948 : M. Louis St-Laurent premier ministre.
28 JUILLET 1948 : Élection provinciale.
17 FÉVRIER 1949 : Terre-Neuve devient dixième province.
30 MARS 1949 : M. Auguste Brousseau décède.
27 JUIN 1949 : Élection générale.
15 JUILLET 1949 : Statue installée à Petite-Vallée.
4 NOVEMBRE 1949 : La maison de M. Benjamin Brousseau brûle.
29 DÉCEMBRE 1950 : Mme Jean Lachance décède et M. Didier Lebreux plante sa croix.
7 JUILLET 1951 : Mme Auguste Côté décède.
5 SEPTEMBRE 1951 : Mme Didier Lebreux décède.
22 AVRIL 1952 : Moulin de E.Lebreux et frères brûle.
16 JUILLET 1952 : Élection Provinciale
30 NOVEMBRE 1952 : Nouveau pont de Petite-Vallée ouvert au public.
11 DÉCEMBRE 1952 : E.Lebreux et frères coupe leur premier billot. Cage à Jourdain.
24 JANVIER 1953 : Tremblement de terre.
22 JUIN 1953 : Couronnement de la Reine.
9 AOÛT 1953 : M. Anselme Lebreux décède à 54 ans et 3 mois.
10 AOÛT 1953 : Dernière élection.
18 JANVIER 1954 : M. Alban Minville, prêtre.
8 AVRIL 1954 : Désastre, il pleut depuis le 12 mars.
MARS 1955 : Moulin de M. E.Côté construit.
26 JUIN 1955 : Mme Amédée Béland décède.
2 OCTOBRE 1955 : Première messe célébrée à Petite-Vallée. 1956 : Nouvelle élection provinciale.
31 JANVIER 1956 : M. Auguste Côté décède.
23 NOVEMBRE 1956 : E. Lebreux et frères achètent leur premier camion.
9 JANVIER 1957 : La maison de M. Léopold Coulombe brûle.
21 JANVIER 1957 : Le conseil de Petite-Vallée a été fondé.
4 FÉVRIER 1957 : Pénurie d’eau (sécheresse).
28 FÉVRIER 1957 : M. Gérard Couturier consacré à Rimouski.
28 MARS 1957 : Mme Mathias Lachance décède.
3 DÉCEMBRE 1957 : Mgr Paul Bernier intronisé à Gaspé.
17 SEPTEMBRE 1958 : M. Joseph Boulet décède.
1 FÉVRIER 1959 : Mme Clara Côté décède.
31 MARS 1959 : M. John Diefenbaker, premier ministre.
5 MAI 1959 : Chantier E. Lebreux; un million de pieds de bois.
17 MAI 1959 : Mgr Albani Leblanc décède.
4 JUIN 1959 : Visite de la reine à Gaspé.
7 SEPTEMBRE 1959 : M. Maurice Duplessis décède.
19 FÉVRIER 1960 : La reine Élisabeth donne naissance à un garçon.
8 AVRIL 1960 : Mme Gilbert Boulet décède.
6 JUILLET 1960 : M. Jean Lesage, premier ministre.
15 OCTOBRE 1960 : Mme Colette Lebreux décède.
1 MARS 1961 : Mme Herménégilde Lebreux décède.
25 SEPTEMBRE 1966 : Mme Mélida Lebreux décède à l’âge de 64 ans.
5 JUILLET 1966 : Hervé et Régis Lebreux se noient à la Longue Pointe.

Réf : extrait du carnet de notes de M. Didier Lebreux


RIONS UN PEU

Un jour, Emma avait la jaunisse, mais par malchance, il n’y avait pas de poux dans la famille. Mme George avait envoyé Moïse chez un voisin pour en emprunter!!! Grand-mère Caron avait mal à un orteil; elle ne faisait que se plaindre. Grand-père Georges prit son ciseau à bois avec son marteau puis fit placer le pied de Délima sur une bûche puis floc! Plus d’orteil, elle a «arvolé» dix pieds plus loin. Grand-père lui a mis de la résine pour la faire guérir, ayoye donc!!! Pour soigner son cheval, Ursule Campion disait avec superstition qu’il fallait mettre sur la plaie un hareng salé, la queue en bas le matin et la tête en l’air le lendemain, ah ah ah… Incroyable mais vrai, M. Joseph Lebreux qui tenait un magasin, ne savait pas écrire. Il devait donc avoir une bonne mémoire car, le soir après sa journée, il était capable de dire à sa fille, qui écrivait pour lui, tous les articles qui lui étaient achetés dans une journée avec le nom de tous ceux qui les avaient achetés.

1946 SAUVETAGE DES NAUFRAGÉS


Cette année-là marqua la population. Le 24 décembre, un avion de la « Pacific Air Line » en provenance de la côte nord, amenait six bûcherons en plus du pilote sur la côte sud où ils devaient regagner leurs foyers pour Noël. L’appareil fit une chute sur le fleuve et laissa ainsi sept hommes sur les glaces, livrés à leur destin. Heureusement, trois d’entre eux furent repêchés tout de suite par un avion. Le 25 décembre, M. Léo Lévesque, un autre naufragé, fut repêché par le Capitaine Jourdain. Il en restait encore deux. Le courant et le vent agissaient fortement sur les glaces qui descendaient de plus en plus. Après de longues recherches dans cette même journée, on annonça à la radio que celles-ci seraient interrompues en raison de l’obscurité. Le lendemain, un vaisseau qui était parti de Gaspé la veille fit son apparition, de même que les avions qui tournaient dans le ciel. Le même jour, le 26 décembre, M. Alfred Lebreux, aidé de M. Léonide Lebreux étaient montés au puits de la Longue Pointe d’où ils aperçurent des hommes sur la glace qui faisaient des signaux. Ils s’empressèrent d’aller annoncer la nouvelle et de chercher de l’aide pour repêcher ce ou ces hommes. On partit deux bateaux, le premier à partir étant occupé par Alcide, Léandre, Armand, Yvon Lebreux, Anselme et Paul-Émile Brousseau. Alfred Lebreux était parti un peu plus tard avec Antonin et Léonide Lebreux, Didier Houde et Frank Lachance. Ils avaient apporté des planches pour aider à avancer sur la glace. Ils arrivèrent les premiers et s’aperçurent que l’homme n’était pas seul, son compagnon étant dans le fond d’un canot pneumatique envoyé par les avions; il avait les pieds gelés. On embarqua les deux hommes. L’autre vaisseau arriva et on réussit avec une corde à rejoindre les deux vaisseaux. À cause du courant et du vent qui se faisait fort; ils ne purent accoster au quai. Ils descendirent jusqu’en face de chez M. Charles-Émile Boulet, où presque tout le monde de la place les attendait; comblés par leurs prières, car presque tout le monde avait prié la journée entière pour ces deux hommes et surtout pour leurs hommes qui avaient risqué leur vie afin de sauver M. Aurèle Gagné et M. Albert Morin. N.B. Le septième, M. Simard, était décédé après avoir enfilé sous les glaces. ( Photo )


LE CHEMIN DE LA TABLETTE

La tablette aujourd’hui est reconnue comme un site touristique offrant un panorama magnifique. Celle-ci fut construite cers les années 1940. Le tracé avait été fait avant le début de la construction. Mais durant le parcours, comme on arrivait à la première courbe, là où le panorama est plus agréable; le conducteur du tracteur ne voulut pas continuer la trace (car il avait peur). M. Donat Côté âgé alors de vingt-cinq ans à l’époque, s’offrit pour aller faire ce bout de chemin. Pour ce faire, il contourna le soit disant obstacle et à travers la forêt il réussit à escalader la montagne en s’agrippant aux arbres. Il prit alors l’obstacle à contresens et nous fit le chemin que nous possédons actuellement. Pour un jeune homme sans trop d’expérience, ceci était un bel acte de courage qui méritait bien que nous en parlions. C’est aussi dans cette région que M. Florian Côté surnommé «Fleur» eut un gros accident qui lui coûta la vie. Cet accident se déroula d’une façon bien particulière, puisqu’elle arriva lors de la destruction d’un ancien «camp». Lors de la destruction de sa cabane, Florian, accompagné d’Auguste Coulombe avait, par un manque d’expérience évidente, commencé par le bas, lors de la chute du toit, Florian qui se trouvait malencontreusement à l’intérieur, bien qu’il eût essayé de se sauver par la fenêtre, eut la tête fracassée. Auguste, qui lui, était resté dehors sous l’effet du choc, put lever seul le coin du camp, libérant ainsi «Fleur» blessé à mort.

LE TEMPS DE FÊTES

Le temps des fêtes était un peu comme aujourd’hui. Cela durait quinze jours, trois semaines. Dans chaque maison, on préparait un mois à l’avance la nourriture pour les festivités qui devaient commencer à Noël pour se terminer aux Rois. Les légumes utilisés avaient été déposés dans des caves de printemps. Celle-ci étaient confectionnées comme suit : on trouvait une bute de terre naturelle et avec des pelles, on coupait le dessus de celle-ci. Ensuite on creusait un carré, qu’on entourait de planche de bois. On le séparait en ports dans lesquels on déposait les légumes de la récolte d’automne. On recouvrait le tout avec des planches et on l’enterrait avec la terre préalablement enlevée de cette butte. Dans chaque famille, ce temps-là était des plus spéciaux. Après avoir mangé comme des affamés et étanché leur soif avec de l’eau-de-vie, c’était la veillée. Ce genre de soirée où l’on chantait, dansait au rythme du violon et de la guitare. Cela se succédait quotidiennement pendant tout le temps des fêtes. À Noël, les présents étaient loin de ressembler aux nôtres. Une pomme, une orange, quelques petits bonhommes en pâte ou des bonbons, faisaient leur plus grand bonheur, car pour eux le temps des fêtes n’était pas le temps des cadeaux, mais des réjouissances. N’étaient-ils pas plus heureux hier qu’aujourd’hui?


MEDECINE D’AUTREFOIS

Autrefois, on soignait les maladies avec les «remèdes du bord», car la médecine n’était pas avancée comme aujourd’hui, et les remèdes proposés étaient appuyés plus souvent sur des superstitions que sur autre chose. Pour soigner les oreillons, ils prenaient une éclisse d’auge à cochon et frottaient la gorge. Pour le mal de bouche, on prenait de la savoyane : petite plante à la racine jaune que l’on faisait bouillir pour en boire le sirop. Pour soigner les rhumatismes, on plaçait une patate dans une des poches de leurs vêtements. Pour le mal de tête, une serviette trempée dans du vinaigre et trois tranches de patate posées sur le front. Pour le mal de vessie, on employait de la graine de citrouille. On soignait le mal d’oreille avec de la graisse de poule. Pour les coliques, c’était l’anis qu’on faisait bouillir pour ensuite le couler et ajouter du sucre; on le faisait reposer pour en donner une cuiller aux enfants afin qu’ils dorment. Autrefois, on soignait la jaunisse avec des poux de tête que l’on mélangeait avec de la mélasse avant de l’absorber. Pour soigner la coqueluche, on prenait des crottes de moutons séchées que l’on faisait bouillir et dont on buvait le jus. Pour arrêter le sang d’une blessure, on employait des vestes de loups. Pour qu’une femme ne fasse pas de fausses couches, on lui donnait à avaler trois boules de soie rouges avec un blanc d’œuf battu. Pour soigner la pleurésie, on prenait de la suie de poêle avec du gin. Pour la pneumonie, on prenait un linge avec de la gomme de sapin, ou des rognons de castor séchés et moulus, mélangés avec du gin. Au printemps, pour soigner la grippe et avoir une bonne haleine, on prenait de la tisane de bois (épinette, sapin, tremble, cormier et ore rouge). Lorsque les enfants avaient des vers, on leur faisait des infusions de tremble. Quand une personne avait une foulure ou quelque chose d’autre, on lui mettait de la couenne de lard ou du hareng salé dessus. Pour les bronches, on prenait du cataplasme de cirouenne : moutarde sèche avec de la mélasse sur une soie qu’on plaçait une seconde sur le dos et sur le ventre.


CABANE À SUCRE

Depuis déjà assez longtemps, une coutume au Québec veut qu’au printemps, on entaille un arbre dont on tire une sève. Après ébullition, cette sève sucrée, devient tire, sirop et sucre. Cet arbre ne vous est sûrement pas méconnu. L’érable, prince de nos ancêtres. Autrefois, les cabanes étaient équipées d’une crémaillère. Ensuite, arrivèrent les maçonnes faites de ciment. Les cabanes d’aujourd’hui, situées dans les bois de Petite-Vallée, fonctionnent de cette façon. Les produits de nos sucreries, si peu sont-ils sont reconnus pour leur pureté et leur saveur. Espérons que leurs descendants prendront la relève afin qu’il y ait toujours des cabanes dans la vallée.


LÉGENDE DE PEAU DE CHEVREUIL

Cette légende proviendrait d’un bateau qui aurait échoué dans le fleuve en face de chez M. Normand Coulombe. Les marins se seraient rendus sur la grève tout près de la coulée. Pour se nourrir, ils auraient fait la chasse. Lors de leur départ, ils décidèrent d’apporter de la nourriture et laisser l’argent derrière eux. Cet argent aurait été enveloppé dans la peau d’un chevreuil pour être caché. Environ 100 ans plus tard, un grand homme vêtu de noir arriva près d’une personne du village, qui sciait du bois, et lui demanda de le suivre au petit ruisseau pour lui donner un trésor caché dans une peau de chevreuil. Il refusa car sa femme ne voulut point. La légende disait qu’un homme avait été enterré avec ce trésor pour le garder et cent ans plus tard il pouvait être délivré s’il réussissait à entraîner quelqu’un pour prendre sa place. Cet homme en question une fois que l’autre eut refusé, s’en alla et disparu non loin de la maison. Depuis ce temps, quand quelqu’un a de l’argent, on dit qu’il a « trouvé la peau de chevreuil »!!


CONCLUSION

Aujourd’hui, en tant que membres de la communauté villageoise de Petite-Vallée et ayant pris connaissance du passé qui nous a précédé, nous pouvons nous permettre, puisque maintenant nous en avons la possibilité d’émettre une réflexion sur la vie actuelle succédant celle d’une génération différente qui a su préparer la place que nous occupons maintenant. Autant vous faire savoir la positivité de notre opinion sur la vie contemporaine. Comme nous le disions un peu en début, la vie depuis quelques dizaines d’années, a passablement dépassé le taux normal d’évolution puisque nous sommes passés d’une vie austère et difficile à une vie non moins facile mais avec plus de commodités dû aux spécialisations et aux techniques modernes. Le village est devenu un petit pays. Les gens y sont très appréciés lors des fêtes communautaires auxquelles tous et chacun participent avec plaisir; celles-ci sont devenues populaires au village. À chaque Saint-Jean, Noël, Pâques, il y a quelque chose d’organisé par un des membres de la petite agglomération, ce qui améliore la qualité de la vie. On peut y respirer le bon air pur; toujours avec le sentiment d’un patrimoine rempli de souvenirs émouvants et chaleureux.

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